Une journée aux archives
Haaa... aller passer une journée aux Archives Départementales de Rouen...
Avant la visite aux Archives, on prépare le terrain des recherches. On
commence par déterminer le village et la date approximative des actes
que l'on va rechercher. Et aussi le panel de noms pour ne pas passer à
côté du décès d'une soeur ou d'une tante.
C'est qu'il faut bien se rendre compte qu'une visite aux Archives,
c'est terriblement rare et précieux. Il faut prendre un jour de congé,
partir de la maison très tôt, avec sandwich et tout. Mais aussi,
arriver à avoir un lecteur de microfilm sur place, en réservant sur le
net ou par téléphone. Bref, c'est un vrai parcours du combattant pour
une journée de bonheur à une heure de route de la maison.
Sur place, on sort la bobine de microfilm du
village, à la période choisie et l'aventure commence. Moi je procède
comme ça, mais d'autres doivent faire autrement, je n'en sais rien. Je
vais d'abord à la fin de la bobine, vers les dates les plus récentes.
Comme ça je pars de ce que je connais, le mariage le plus souvent, et
je remonte le temps. Je note donc dans mon cahier tout ce que je
rencontre et qui pourrait avoir un lien. C'est à dire que si je vois un
mariage entre un Anquetil et une autre famille, je le note, même si je
n'ai jamais rencontré cette famille. Idem pour les décès ou les
naissances. Dès qu'il y a un nom familier, je note.
On a des périodes "actives", les enfants se marient et font des
enfants. Puis il y a un creux, le temps que tout ce petit monde
grandissent. Avec de temps en temps un décès. Et ça recommence. Il faut
donc scanner sur le microfilm des périodes assez longues pour avoir
toute l'actualité d'une famille sur une période normale.
Là où l'angoisse monte, c'est quand la période "calme" s'éternise. Pas
un mariage, pas une naissance, rien. Et là, on se demande : et s'ils
avaient déménagé ? Et s'ils venaient d'une autre paroisse, d'un autre
village ?... Alors on continue à scanner les actes, les yeux tirent un
peu mais on se dit : ils se sont mariés tard, il est parti à la
guerre... Si ce n'est pas le cas, glups, ils viennent d'où nos gars là
? Relecture rapide des notes, c'est écrit sur les actes de mariage
souvent : "de cette paroisse" ou "de la paroisse de...", ce qui permet
de changer de bobine de microfilm et de repartir. Personnellement,
j'aime bien quand ils ne changent pas de village du tout !
On entend souvent dire que "avant la Révolution on ne peut pas faire de
recherche, que tout a été détruit". Heu non, pas du tout. Ce qui a
changé, c'est que avant il n'y avait pas de Mairie et tout. En gros
c'étaient les curés qui prenaient note des baptêmes, mariages et
inhumations. Après, c'est le Maire. Mais c'est tout.
La grande difficulté, c'est que plus on remonte dans le temps plus ils
écrivent "mal". Au siècle dernier, on a de belles lettres, avec des
mentions dans la marge, des récapitulatifs en fin d'année avec la liste
des naissances, mariages et décès de l'année. C'est dire si ça fait
gagner du temps. Mais plus on remonte, plus on perd tout ça. Le papier
est rare et cher, les actes se suivent, sans marge et souvent même sans
espace pour les signatures. Ce qui signifie qu'il faut lire tous les
actes. Et ça, ça prend beaucoup, beaucoup de temps. Environ une heure
pour deux années. Mieux vaut ne pas se tromper de village au départ !
J'utilise une méthode toute simple : si l'acte est long : c'est un
mariage, ça vaut le coup de bien lire, il y a plein d'informations à la
clé. Si l'acte est court, c'est un bapteme ou un décès. Souvent,
l'information avec le nom de la personne est sur la deuxième ou la
troisième ligne, sur le début de l'acte il y a les formules courantes
(voir l'article sur les transcriptions d'actes).
Après une
journée sur les lecteurs de microfilms (j'essayerai de trouver une
photo d'une salle de lecture), il faut essayer d'imaginer l'état
d'ahurissement dans lequel je me trouve. Un peu hypnotisée par le
défilement des actes sur l'écran, le cerveau tout bouillant de n'avoir
décroché que pendant 20mn pour aller faire une pause sandwich-café.
Sans oublier la frustration de se dire qu'on aurait pu y passer le
triple du temps et envier les retraités du coin qui ont la possibilité
de venir plus souvent. Et hop, retour à la maison (1 bonne heure de
route) avant la deuxième partie de l'aventure : mettre tout ça au
propre.
Maso ? sans doute, mais attention, c'est très contagieux !!