Yport, petite station balnéaire...
Yport, petite station balnéaire du Pays
de Caux. Sa tarte aux pommes, ses falaises... Oui, mais pas que... Au
gré de mes recherches sur la famille Barray et la région, une vision
bien différente s'est dégagée.
Yport est un village reconnu
officiellement comme tel très récemment, sa séparation de la commune
voisine de Criquebeuf en Caux n'ayant lieu que le 1er janvier
1843. L'église a été financée par les notables de la commune, comme le
raconte très bien Guillaume Lemaitre sur son site formidable sur Yport (rubrique Patrimoine/L'indépendance politique et culturelle de la commune).
L'histoire complète d'Yport est retracée sur ce site (Rubrique : Brève histoire d'Yport).
La population d'Yport est presque entièrement tournée vers la mer. Les hommes sont marins, les femmes ouvrières en filet (de pêche). Sur ce site "Un marin à Yport", Aimable Louis Friboulet, un marin né en 1880 nous raconte son quotidien, ses campagnes de pêche à Terre Neuve, quand les hommes partaient en mer du printemps à l'automne. "Naitre à Yport, pour un garçon, c'est naître marin et je serais donc marin..."
Source : forum du Boutmenteux - environ 1910
Le site de Guillaume Lemaitre propose (rubrique
Patrimoine/Disparus en mer) des relevés de disparitions en mer, qui
donnent une vision plus claire des dangers qui menaçaient les marins.
Je vous en propose un extrait :
Par
devant nous, le tanneur (François Louis), capitaine du navire du
commerce le Bois-Rosé, ont comparu les sieurs leSeu (Louis Anthime) et
paumelle (Valentin jérémie), lesquels nous ont declaré que partis de la
rade de St pierre dans la chaloupe dudit batiment le mardi treize avril
avec les sieurs Bigot (Benoit Antoine), Vallin (Severe Alphonse),
Maillard (Anthime maxime) et maillard (jean hospice) pour aller faire
du hareng à la Baie de fortune (Cote de Terre-Neuve), ils ont quitté
cette terre le seize avec des vents de L.E.N.E., peu de temps après
leur départ, le vent devint très fort et la chaloupe ayant vent arrière
ne pouvait garder que son foc, au moment où elle approchait St pierre,
une lame tomba a bord et jeta à la mer le nommé Bigot (Benoit Anthime),
fils naturel de Rosalie Bigot âgé de vingt neuf ans né à Criquebeuf
(Seine-Inférieure), matelot de 2eme
classe inscrit à Fécamp f°868 n°173. Dans ce moment, la mer était
extremement grosse et il tombait une neige très épaisse aucun effort ne
pouvait être tenté pour sauvé l’infortuné Bigot. Car en même temps que
la mer était trop grosse pour que la chaloupe put tenir le bout au vent
et la neige trop épaisse pour distinguer les objets même à la plus
petite distance, d’un autre coté la lame qui était tombé a bord de la
chaloupe l’avait mis en grand danger et ne fut qu’avec la plus grande
peine qu’on vidait l’eau qu’elle contenait et qu’on en jeta à la mer
une partie de son lest, après l’accident, le temps devint de plus en
plus mauvais et la neige empêchant de rien distinguer, la chaloupe ne
put gagner St pierre que le lendemain à huit heures du matin.
Dans ce tableau "La Mauvaise nouvelle", de Pierre Marie Beyle (1885), un marin vient annoncer à sa famille la mort en mer d'un marin
d'Yport.
Toujours sur le site de Guillaume Lemaitre, cet étonnant article de Mme Schortz qui
présente une étude sur la langue propre à Yport. Imagnez qu'un
Fécampois et un Yportais avaient du mal à se comprendre ! Et pour
brouiller un peu plus les cartes, nos Yportais ne se faisaient
connaître que par leur surnom, par par leur nom de famille, réservé aux
actes officiels.
J'aurais peur de ne pas être complète sur l'histoire d'Yport si je
n'indiquais pas que Yport aurait des origines grecques, à lire entre
autres dans l'introduction de l'article ICI.
J'ai été touchée par la rudesse de la vie dans ces villages côtiers
lors de mes recherches. La mortalité infantile est impressionnante et
certains couples n'ont plus qu'un ou deux enfants vivants de plus de 10
ans sur les nombreux qu'ils ont mis au monde. Rien à voir avec ce que
j'ai pu rencontrer dans les villages plus ruraux du côté Anquetil ou
dans un environnement plus bourgeois du côté Bouquet. Ces femmes,
seules les trois quarts de l'année, restées à terre pour tout gérer en
l'absence de leurs maris partis en mer devaient avoir une vie
extrêmement difficile.
Yport est une charmante station balnéaire familiale, mais je ne regarderai plus ses petites maisons de la même façon.